LE 15 AVRIL 1994: LA MISE EN OEUVRE DU GÉNOCIDE PERPÉTRÉ CONTRE LES TUTSI À TRAVERS TOUT LE PAYS

Le 15 avril 1994, le gouvernment criminel a continué à mettre en oeuvre son plan génocidaire d'exterminer les Tutsi dans tout le pays.Dans le cadre de nous remémorer les victimes du Génocide perpétré contre les Tutsi, la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) continue à rappeler l’histoire de ce Génocide, comment celui-ci a été mis en œuvre au quotidien, et ci-après comment il a été exécuté à travers le pays le 15 avril 1994.

  1. Massacres de Tutsi à la Cour d’appel de Ruhengeri, Musanze

Le bâtiment de la Haute Cour de Musanze, abritait l’ancienne Cour d’Appel, auprès de laquelle se sont réfugiés plus de 400 Tutsi qui étaient venus de localités différentes de l’ancienne Préfecture Ruhengeri, mais dont la majorité était venu de la Sous-préfecture Busengo (actuellement en Disrict Gakenke) dans laquelle ils s’étaient d’abord réfugiés espérant y trouver sécurité.  Nzanana Dismas, Sous-préfet de Busengo, les rassurait en leur disant qu’ils pouvaient rester et que rien ne leur arrivera, mais Nzanana parlementait en même temps avec le Préfet de Ruhengeri Zigiranyirazo Protais à qui il voulait envoyer les réfugiés Tutsi pour qu’ils soient tués dans la ville de Ruhengeri.

Nzanana a ensuite annoncé aux réfugiés Tutsi qu’il allait leur fournir des véhicules qui les évacueraient au Zaire, et des bus les amenèrent plutôt dans l’ancien bâtiment de la Cour d’Appel de Ruhengeri. Le 15 avril 1994, des Interahamwe venant de localités différentes, dont le groupe appelé « Amahindure » qui venait de massacrer les Tutsi de la Commune Mukingo et qui est venu en renfort, tuèrent tous les Tutsi dans le bâtiment de la Cour d’Appel. Ceux qui ont pu en réchapper et qui sont allés à l’hôpital de Ruhengeri, en furent extirpés pour être mis à mort à la rivière Mukungwa. Les tueurs ont d’abord lancé des grenades à l’intérieur du bâtiment, et achevaient ceux qui respiraient encore, fracassant les nouveaux nés sur les murs.

  1. Massacres  de Tutsi à Nyange en Commune Kivumu

Nyange était situé dans l’ancienne Commune Kivumu, Sous-préfecture Birambo, laquelle faisait partie de la Préfecture Kibuye et était composée de trois communes: Bwakira, Kivumu et Mwendo. Les Tutsi y ont vécu le calvaire avant de pouvoir se réfugier à l’église de Nyange où ils espéraient être en sécurité. Mais le Père Seromba Athanase, curé de l’église de Nyange, en a décidé autrement et un engin de la marque Carterpillar a démolit l’église sur les réfugiés Tutsi qui périrent tous.

Apres la mort du President Habyarimana Juvénal le 6 avril 1994, les Tutsi de la Commune Kivumu ont commencé à subir des attaques et certains d’entre eux furent tués, dont Grégoire Ndakubana, Martin Karekezi et Thomas Mwendezi.

A cause de ces attaques, les Tutsi des différents secteurs de la Commune Kivumu ont quitté leurs domiciles pour aller se réfugier auprès des bâtiments publics et dans les églises dont celle de Nyange. Le bourgmestre de la Commune Kivumu et les policiers ont rassemblé tous les réfugiés venant de différents secteurs et les amenèrent à la Paroisse de Nyange ; le Père Seromba a listé les noms des Tutsi qui manquaient à l’appel, et remis cette liste au Bourgmestre Grégoire Ndahimana pour qu’ils soient recherchés pour être amenés à la Paroisse de Nyange avec les autres. Les réfugiés Tutsi sont devenus de plus en plus nombreux, et alors leur extermination dans l’église fut planifiée. 

Parmi les tueurs il y avait le commerçant Gaspard Kanyarukiga, l’enseignant Télesphore Ndungutse, Anastase Nkinamubanzi qui travaillait pour la société  Astaldi charge de construire la route reliant Rubengera et Gisenyi, et c’est lui qui a conduit l’engin qui a démolit l’église de Nyange, le Père Athanase Seromba et Grégoire Ndahimana Bourgmestre de la Commue Kivumu, l’OPJ à la Commune Kivumu Fulgence Kayishema, Télesphore Ndungutse, Gaspard Kanyarukiga et d’autres.

  1. Massacres de Tutsi à l’église  E.E.R Ruhanga

Sur la colline de Ruhanga habitaient en 1994 de nombreux Tutsi, tout comme sur les collines avoisinantes, toutes situées en l’ancienne Commune Gikoro. Lors du déclenchement du Génocide, les Tutsi de la région ont pris leurs arcs et lances et se sont réfugiés sur la colline de Ruhanga. Lorsqu’ils furent attaqués par les Interahamwe, ils ont amené les enfants, les femmes et les vieilles personnes à l’église E.E.R., tandis qu’eux résistaient aux Interahamwe en se défendant avec leurs armes traditionnelles et des pierres.

Face à cette résistance, les Interahamwe ont appelé en renfort les gendarmes de Rwamagana et un hélicoptère vint mitrailler les réfugiés tandis que les Interahamwe sont venus ensuite les achever à la machette. Les Interahamwe allèrent ensuite tuer ceux qui se trouvaient à l’église et les brûlèrent vifs à l’aide d’essence, il y eu très peu de survivants. Parmi les victimes dans l’église il y a le Pasteur Hutu de celle-ci, qui s’était décidé à protéger les Tutsi qui s’y étaient réfugiés, en tant que le gardien de ce lieu de prière ; il fut tué avec toute sa famille alors qu’il n’était pas Tutsi. Avec l’accord de L’E.E.R. cette église abrite désormais un mémorial du Génocide.

  1. Massacres de Tutsi dans l’église de Ntarama

Lors du déclenchement du Génocide, les Tutsi de la localité de Ntarama ont d’abord essayé de résister. Devant les attaques incessantes des Interahamwe et des militaires qui les appuyaient, ils ont commencé à se réfugier à l’église succursale catholique de Ntarama. Dès lors que les Tutsi de la région de Bugesera étaient  pourchassés et tués, des Tutsi venant de Kanzenze, Kayumba et Nyamata se sont également réfugiés à Ntarama. Le 15 avril 1994, des bus ont amenés militaires et Interahamwe venant d’autres localités, qui, avec les tueurs de Ntarama, ont exterminé près de 3000 réfugiés Tutsi dans l’église de Ntarama. Les tueurs ont utilisé armes à feu, grenades et armes traditionnelles.

Le 15 avril 1994, de nombreux Tutsi ont été tues à l’école de Cyugaro, dont ceux qui habitaient dans les  environs et qui s’y étaient réfugiés, et d’autres qui avaient survécu aux massacres de Ntarama et avaient rejoint les réfugiés encore vivants à Cyugaro. Ceux qui ont survécu aux massacres de l’école de Cyugaro se sont réfugiés dans le marécage appelé CND pendant le Génocide. Ils en sortaient la nuit pour aller chercher de quoi manger, s’ils en trouvaient  cuisinaient dans les bâtiments de l’école et retournaient dans le marécage avant le lever du jour.

  1. Massacres de Tutsi à la Paroisse Cyahinda, Nyaruguru

Entre le 14 et le 15 avril 1994, des Interahamwe ont tué tous les Tutsi qui s’étaient réfugiés à l’église de Cyahinda au nombre de près de 32,000. Ceux qui y ont été massacrés étaient venus  de la Commune Nyakizu et des communes avoisinantes comme les Communes Mubuga, Kivu et Nshili. Parmi les responsables de ces massacres il y a Ntaganda Ladislas, Bourgmestre de la Commune Nyakizu, le Sous-préfet Assiel Simbalikure qui dirigeait la Sous-préfecture de Busoro, Festus Nyamukaza, proche collaborateur de Ntaganzwa, le Pasteur François Bazaramba de l’Union des Eglises Baptistes au Rwanda (UEBR Nyantanga), Célestin Batakanwa, Geofrey Dusabe, Célestin Rucyahana, un ancien militaire, et d’autres.

Puisque les Tutsi puissent se rassembler à Cyahinda, le Bourgmestre Ntaganzwa et d’autres Interahamwe ont bloqué tous les chemins pour les empêcher de fuir au Burundi, et ont exhorté les Tutsi à se réfugier à Cyahinda, rassurant ceux-ci qu’ils y seront protégés. Apres les avoir rassemblés, Ntaganzwa a demandé aux gendarmes qui étaient venus de Butare, envoyés par le Major Cyriaque Habyarabatuma, d’exterminer les réfugiés Tutsi à la Paroisse de Cyahinda.

Lors de l’extermination des Tutsi à Cyahinda, le Père Charles Nshogoza qui était curé de la paroisse a d’abord réussi à se cacher des tueurs, survivant aux massacres de la paroisse, et s’est réfugié chez un employé de la paroisse du nom de Alexis. Le Bourgmestre Ntaganzwa et le Sergent gendarme Corneille Ndindayino l’ont longtemps traqué jusqu’à l’attraper, l’ont ramené à la paroisse et l’ont mis à mort, c’était au mois de mai 1994.

  1. Massacres de Tutsi à Kirwamocyinzovu, Kamonyi

Kiryamocyinzovu était situé devant l’ancien bureau de la Commune Taba dont Jean Paul Akayezu était le Bourgmestre. Les massacres dans la Commune Taba ont commencé à prendre de l’ampleur le 8 avril 1994. Les Interahamwe ont installé des barrières à différents endroits dont Rwabashyashya, Buguri, Gishyeshye  et aux alentours de l’hôpital de Remera, à Rukoma.

Depuis le 13 avril 1994, la situation était devenue critique, et de nombreux Tutsi se sont refugiees a la Commune Taba. Kubwimana Silas, président du MRND dans la Commune Taba, a organisé une réunion à Kiryamocyinzovu, et déclaré que le Tutsi est l’ennemi, qu’il doit être dénoncé parce qu’il aurait creusé des fosses dans lesquelles il allait jeter les corps des Hutu. Depuis le 8 avril, les Tutsi ont été petit à petit amenés à Kiryamocyinzovu, qui porta désormais le surnom de CND, jusqu’au 15 avril 1994 date à laquelle y ont été tués de nombreux Tutsi.

Kubwimana Silas était à la tête des tueurs et a coordonné les massacres, c’est lui qui désignait qui devait mourir: “Tuez celui-là, épargnez cet autre que je tuerai moi-même plus tard.” Les tueurs venaient à la commune attendre les ordres de Kubwimana pour aller tuer.

Le 14 avril 1994, de nombreux Tutsi sont venus se réfugier à la commune mais y ont trouvé des Interahamwe qui les attendaient et qui avaient reçu comme instruction de les amener à Kiryamocyinzovu pour les massacrer. Certains d’entre eux avaient été désignés pour tuer, tandis que d’autres devaient enterrer les corps des victimes entassés dans un long fossé. Les armes utilisées pour tuer étaient des gourdins, des houes et des fusils.

  1. Massacres de Tutsi à Gasetsa, dans l’ancienne Commune Kigarama, Kibungo

Au Secteur de Remera ont été tués plus de 7,000 Tutsi, ils ont commencé à être massacrés depuis le 8 avril 1994 et ont continué à l’être jusqu’aux 14 et 15 avril 1994. L’histoire de la planification et de la mise en œuvre du Génocide perpétré contre les Tutsi dans ce Secteur Remera, et surtout dans le centre de Gasetsa, est basé sur le comportement des autorités qui en étaient originaires et qui ont tout planifié et mis en œuvre. Parmi eux : le Colonel Rwagafirita Pierre Célestin, le Colonel Renzaho Tharcisse, Mugiraneza Prosper, Kabagema Ferdinand, Mugiraneza Emmanuel, Mulinda et Murwanashyaka, Interahamwe parmi ceux qui menaient les attaques et qui tuaient ou faisaient  tuer les Tutsi en utilisant différentes armes : gourdins, marteaux, épées, machettes, lances arcs, fusils, grenades et autres.

  1. Massacres de Tutsi à Gihara dans Kamonyi

La Paroisse de Gihara est située dans le Secteur de Runda, District de Kamonyi. Le Génocide ayant pris de l’ampleur, les Tutsi ont commencé à fuir vers la Paroisse Gihara. Ils y sont arrivés le 10 avril 1994 et ont été accueillis par le Père espagnol Sinawola Leonard qui a fait son possible pour leur donner de la nourriture mais ses employés, qui en étaient mécontents, s’y ont opposés jusqu’à refuser d’aller chercher du ravitaillement lorsqu’il leur donnait de l’argent pour le faire. Un groupe de tueurs de Runda appelé « Abajepe » et dirigé par Nyecumi, Kanani et Eugene, a commencé à lancer des attaques sur la paroisse, et circulaient à bord du véhicule de Kamana Claver, mais qui était conduit par le petit frère de celui-ci, Kayitani.

Les tueurs tailladaient à la machette les hommes et les jeunes hommes sans les achever, et les transportaient en véhicule les jeter dans cet état dans l’étang de Cyoganyoni, sinon dans la rivière Nyabarongo dans laquelle les plus nombreux furent noyés. Entretemps le prêtre espagnol était rentré dans son pays, les massacres ont continué, et les hommes ayant tous été décimés, ils ont amené les femmes à la Nyabarongo ou certaines d’entre elles étaient immédiatement jetées vivantes, tandis que d’autres étaient d’abord amenées dans une maison près de la Nyabarongo, près du pont de Ruriba, où elles étaient violées et jetées ensuite à leur tour dans la rivière.

Le 15 avril 1994, furent massacrés les derniers parmi les Tutsi qui s’étaient réfugiés a la paroisse.

  1. Massacres de Tutsi à Nyabikenke, Muhanga

A la Commune Nyabikenke, au début du Genocide, les Tutsi ont commencé à se réfugier à la Commune Nyabikenke depuis le 10 avril 1994. Les tueurs ont commencé à lancer des attaques sur eux le 14 avril 1994, mais lancèrent la dernière attaque le 15 avril 1994, tuant de nombreux réfugiés Tutsi sur place tandis que d’autres qui s’étaient échappés furent tués tout le long du chemin vers Kabgayi où ils comptaient se réfugier. Un mémorial du Génocide a été érigé à Kiyumba et y reposent les corps de 717 victimes qui ont été tuées dans la localité et dans les alentours. La plupart étaient amenés pour être jetées dans la Nyabarongo à l’endroit appelé Budende.

Parmi les responsables des massacres des Tutsi dans la Commune Nyabikenke il y a le Ministre de la Jeunesse Nzabonimana Callixte, le Bourgmestre de la Commune Nyabikenke, Karuganda Anatole, Ngarambe Vincent, Kamari Isaac, agent du Minitrape et d’autres.

  1. Massacres de Tutsi dans le Secteur de Muyongwe, dans l’ancienne Commune de Tare, Gakenke

De nombreux Tutsi de la région ont été tués dans les pires souffrances par les Interahamwe. Les Tutsi ont été tués dans des attaques de tueurs venant de Rushashi, Kinyari, après que des entrainements militaires ont été dispensés aux Interahamwe à la Sous-préfecture de Rushashi. De nombreux Tutsi étaient tués en cours de route en fuyant. Les réunions qui planifiaient les massacres étaient dirigées par les autorités qui dirigeaient la Sous-préfecture de Rushashi et les communes qui faisaient partie de celle-ci. Les massacres sévirent également dans les Secteurs Shyombe et Joma. Shyombe et le centre commercial de Kinyari prirent le nom de « CND ».

  1. Massacres de Tutsi à la Commune Muhazi, Gishari Rwamagana

Du 12 au 14 avril 1994, des Tutsi se sont réfugiés a la Commune Muhazi. Les 15 et 16 avril 1994, ils ont été massacrés, et encerclés par les Interahamwe, quand Kanamugire, un Tutsi, ancien militaire dans l’armée rwandaise, a défoncé le bureau de la commune d’où il amena des fusils, il en donna un a Côme Ndayambaje et un autre à Gatete Anaclet et ils ont tiré sur la foule des Interahamwe qui se dispersèrent. Certains de ceux qui étaient à la commune s’en échappèrent et se rendirent au lac Muhazi où ils trouvèrent l’Adjudant Mutabaruka et le militaire Kananura ; ils se battirent avec ceux-ci et se dirigèrent vers le lac pour le traverser en pirogues et rejoindre les Inkotanyi qui étaient déjà arrivés sur l’autre rive à Murambi, mais toutes les embarcations avaient été sabordées.

Ils manquaient de munitions. Quelques-uns d’entre eux ont pu traverser le lac et rejoindre les Inkotanyi à Murambi, dans une petite pirogue qu’ils trouvèrent. Les Interahamwe les avaient poursuivis depuis la commune jusqu’à Kavumu où se trouvaient de nombreux Tutsi qui voulaient traverser le lac. Les tueurs y trouvèrent des Tutsi qui étaient venus de la Commune Muhazi et en noyèrent un grand nombre.  La plupart de ces Tutsi étaient venus de la commune et des alentours de celle-ci, ils furent tués à Kavumu de Gishali le 16 avril 1994.

  1. Massacres de Tutsi dans le Secteur Kigali, au Centre de Kitabi, Nyarugenge

Dans le Secteur Kigali, au Centre de Kitabi sur les hauteurs de Nyamirambo, a côté du Mont Kigali, en dessous d’un camp militaire, il y avait une barrière gardée par les Interahamwe Rubayiza Hassan et Kibuye Karungu. Rubayiza était le chef de la barrière par laquelle passaient les Tutsi qui fuyaient venant de Mwendo dans Kigali, Kabusunzu et Nyamirambo, ainsi que les Tutsi qui habitaient cette localité. Les Tutsi étaient rassemblés sous une tente dressée par les tueurs pour s’abriter de la pluie, et Rubayiza amenait des Interahamwe pour l’aider à les tuer et les jeter dans des carrières d’où avaient été extraits des minerais.

A cette barrière furent tués de nombreux Tutsi, et quand ceux-ci se rebiffaient et voulaient résister, Rubayiza appelait en renfort les militaires pour l’appuyer. Raison pour laquelle il n’y a eu aucun survivant parmi ceux qui sont passés par cette barrière. Ces Tutsi furent tués  du 15 au 17 avril 1994. Rubayiza a été condamné par les juridictions Gacaca pour crime de génocide à la prison à perpétuité et purge actuellement sa peine à la prison de Mageragere.

  1. Massacres de Tutsi à la paroisse catholique de NYARUBUYE

A compter du 10 avril 1994, la paroisse catholique de Nyarubuye a accueilli de très nombreux Tutsi qui provenaient des communes Rukira, Rusumo, Mugesera et Birenga ; ces derniers étant des survivants fuyant les massacres qui avaient eu lieu les 12 et 13 avril dans la ville de Kibungo et à la paroisse  catholique de Zaza. Ces tueries avaient lieu suite à la réunion tenue le 12 avril 1994 au camp militaire de Huye. Elle était dirigée par les colonels Pierre Celestin Rwagafirita et Anselme Nkuliyekubona au cours en présence des bourgmestres de Birenga Melchiade Tahimana, de Rusumo Sylvestre Gacumbitsi, de Kigarama Mugiraneza Emmanuel, de Mugesera Gakware Léopold, de Sake Sylvain Mutabaruka et bien d’autres dans laquelle fut décidée l’accentuation du génocide.

Le 14 avril 1994, a eu lieu une autre réunion au camp militaire de Huye rassemblant les mêmes personnes certainement pour faire l’évaluation des massacres et l’accentuation du génocide là où il n’était pas encore totalement consommé comme Nyarubuye. Dès le matin du 14 avril, il y eut plusieurs tentatives d’attaque des miliciens à Nyarubuye qui furent repoussées par les Tutsi. Les miliciens allèrent demander du renfort au poste de gendarmerie située à Nasho. Un rassemblement des gendarmes, des militaires et des miliciens eut lieu depuis le 14 avril au centre de négoce de Nyarutunga sous la supervision du bourgmestre Sylvestre Gacumbitsi et autres leaders du hutu power et prépara l’assaut de Nyarubuye.

Le 15 avril 1994, en début d’après-midi, l’attaque de Nyarubuye commença avec la participation du bourgmestre Gacumbitsi en personne qui tua sur le champ avec la machette un vieux tutsi bien respecté à Nyarubuye, nommé Murefu. Les leaders hutu de Nyarubuye participèrent à cette attaque dont le nommé Evariste Rubanguka juge du tribunal de canton Rusumo, Karamage Isaïe conseiller de secteur Nyarubuye, Rugayumukama Daniel chef milicien, Edmond Bugingo enseignant, Ntezimana Léonidas, Hakizamungu Antoine, Gisagara François, Ryamugwiza Déogratias, Ngendahimana Jean alias Misumari, et bien d’autres.

Une recherche menée par les professeurs Paul Rutayisire et Privat Rutazibwa en 2007 a permis d’identifier 742 génocidaires ayant activement pris part au génocide à Nyarubuye.

  1. Massacre de Tutsi à la paroisse catholique de Muganza, Nyaruguru

Les Tutsi de l’ancienne commune Kivu où se trouvait la paroisse de Muganza ont commencé à s’y réfugier à partir du 7 avril fuyant les attaques qui les menaçaient. Plusieurs maisons de Tutsi étaient déjà incendiées sous la supervision du bourgmestre Juvénal Muhitira et de l’Abbé Joseph Sagahutu. Le sous-préfet Biniga est également venu sur place au tout début du génocide et a tenu une réunion nocturne avec le bourgmestre Muhitira et l’Abbé Sagahutu au cours de laquelle la chasse aux Tutsi a été décidée.

A la date du 11 avril 1994, 8.600 réfugiés tutsi étaient enregistrés à la paroisse le matin et leur nombre augmentait chaque jour jusqu’à atteindre 11.000 au soir du même jour. C’est ce jour que la paroisse de Muganza subit la première attaque et les Tutsi se défendirent.

Le lendemain 12 avril, une autre attaque d’envergure eut lieu conduit par le bourgmestre Muhitira et le sous-préfet Biniga Damien et elle échoua par ce qu’en même temps une autre attaque se menait à la paroisse voisine de Kibeho et que les refugiés tutsi parvenaient à se défendre. Biniga et Muhitira décidèrent alors de se concentrer dans un premier temps sur Kibeho et de venir régler le massacre de Muganza une fois que celui de Kibeho est terminé.

Le 15 avril au lendemain de l’extermination de Kibeho, une bande de tueurs appuyés par des militaires prit l’assaut de la paroisse Muganza et décima les réfugiés tutsi qui s’y trouvaient.

CONCLUSION

Le Génocide perpétré contre les Tutsi a été planifié et exécuté par l’Etat. Le fait que depuis le 7 avril 1994 au matin, les Tutsi ont été en même temps massacrés sur toute l’étendue du pays, à partir de Kigali, et ailleurs, démontre sans le moindre doute que le Génocide avait été planifié par l’Etat rwandais.

 

Fait à Kigali, le 15/4/2020

 

Dr Bizimana Jean Damascène

Secrétaire Exécutif

Commission Nationale de lutte contre le génocide

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