UN TEMOIN OCULAIRE ET AURICULAIRE DU GENOCIDE PERPETRE CONTRE LES TUTSI DANS L’EX-PREFECTURE CYANGUGU REAGIT AU COMMUNIQUE DE THEOBALD RUTIHUNZA

UN TEMOIN OCULAIRE ET AURICULAIRE DU GENOCIDE PERPETRE CONTRE LES TUTSI DANS L’EX-PREFECTURE CYANGUGU REAGIT AU COMMUNIQUE DE THEOBALD RUTIHUNZA

RUTIHUNZA Theobald

                                      Préambule

                  Nous sommes habitués à lire dans les journaux et les revues, que les articles n’engagent que leurs auteurs. Pour cela, je réponds à Théobald Rutihunza, car je doute que tous les membres du RIPRODHOR (Réseau International pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme au Rwanda) dont il se dit président soient si obnubilés pour souscrire au communiqué signé par lui.  

                 La présente réaction est écrite et signée par quelqu’un qui a été au service du diocèse de Cyangugu de 1982 à 2002, dont les limites coincident avec celles de l’ex-Préfecture Cyangugu, auxquelles s’ajoute la centrale de Karengera (ex-Préfecture Kibuye, ex-Commune Rwamatamu). Ce témoin s’appelle  Jean Ndorimana. Il a été vicaire général du diocèse de 1988 à 2002. Il se connait bien avec Rutihunza pour avoir « collaboré » avec lui, -si collaboration il y a eu,- lorsque ce dernier était Préfet de Cyangugu.   

                 Cher Rutihunza, après cette brève présentation de moi-meme, je voudrais te parler à visière ouverte. Je suis convaincu que, à part quelques petites particularités dont  tu vantes les exploits, l’histoire du Kinyaga ne diffère en rien de celle des autres Régions du Rwanda ancien et moderne, depuis la royauté jusqu’aujourd’hui, en passant par le tumulte des partis politiques instaurés depuis 1957. Les tueries perpétrées contre les Tutsi au Rwanda depuis 1959 n’ont pas épargné la Préfecture de Cyangugu. Celles perpétrées par l’ex-Préfet de Cyangugu, Pascal Ngirabatware (surnommé Gahini depuis lors), en 1963, n’ont rien à envier celles  de l’ex-Préfecture de Gikongoro de la meme année, perpétrées par l’ex-Préfet André Nkeramugaba. Les massacres de la foret de Nyungwe ne diffèrent en rien des noyades dans les rivières Mwogo, Rukarara et Mbirurume.

                    Dans les temps normaux, j’ai parcouru tout Cyangugu. Pendant le génocide, j’ai couvert, à la manière journalistique, tous les événements, et je me suis rendu partout où il était possible d’arriver. J’ai connu, suivi et vécu de très près  le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 dont j’ai fait la chronique date sur date, heure par heure, école par école, couvent par couvent, paroisse par paroisse et Commune par Commune dans la Préfecture de Cyangugu ; et meme au-delà, par radio et téléphone, depuis le 6 avril jusqu’au 19 juillet. Cette communication avait été facilitée par André Ntagerura qui, comme Ministre des Transports et Communications, a bien servi sa Préfecture d’origine, tout comme d’autres Ministres l’ont fait dans leurs régions d’origine, chacun dans son domaine. Malheureusement ces téléphones et ces autobus donnés par André  Ntagerura ont finalement été le revers de la médaille, des armes à double tranchant. Ils ont facilité la « réussite » du génocide.

Ce livre de la chronique du génocide que j’ai publié lors de mon séjour italien s’intitule : RWANDA 1994. IDEOLOGIE, METHODES ET NEGATIONNISME DU GENOCIDE DES TUTSI A LA LUMIERE DE LA CHRONIQUE DE LA REGION DE CYANGUGU. PERSPECTIVES DE RECONSTRUCTION. EDIZIONI VIVERE IN, MONOPOLI (BARI) 2003, ITALIA.

                La Providence m’a épargné l’assassinat par les mains du Préfet Emmanuel Bagambiki et du Lieutenant Samuel Imanishimwe. Je les cotoyais presque chaque jour pendant le génocide. Tout cela a fait de moi une pièce de musée, encore vivante, de cette tragédie que je suis  content de rapporter, -bien que la mort dans l’âme-, lorsque je pense à des Tutsi que j’ai accueillis  à la Cathédrale de Cyangugu dont j’étais curé, et  dont certains ont été tués devant mes propres yeux par ces organisateurs du génocide.             

                 Rutihunza n’ignore rien de tout cela. Il était au Rwanda mais il ne dit pas où. Cependant, au lieu d’encourager la reconstruction, il a lui-même pillé et détourné les fonds destinés à la reconstruction ; et maintenant il dénigre ceux qui s’adonnent à la reconstruction du Rwanda et à la réconciliation des Rwandais. Le FPR a placé sa confiance en lui et lui a confié la Préfecture de Cyangugu, mais il a trahi cette confiance. Puisqu’il n’a aucun argument contre ces méfaits, il détruit ce que font le FPR et  tous les Rwandais qui s’adonnent à la reconstruction de leur pays. J’aimerais bien savoir de Rutihunza ce que serait devenu le Rwanda si le FPR n’avait pas arreté le génocide !

 

                                                                         

1.QU’EST LE RIPRODHOR

              Le RIPRODHOR  est une Association négationniste qui a été fondée par des dissidents de LIPRODHOR  (Ligue pour la Promotion des Droits de l’Homme au Rwanda), dont Rutihunza fait partie. Comme son nom l’indique, RIPRODHOR promeut et défend les droits de l’homme au Rwanda. Mais, au lieu de défendre les droits de l’homme, Rutihunza et son association ont versé dans l’idéologie négationniste. Ils promeuvent  et défendent les droits des Rwandais à 6.000 km. Si Rutihunza aime le Rwanda, qu’il revienne au Rwanda pour participer à la reconstruction. Il ne promeut et ne défend rien. Il détruit. Ses détournements des fonds publics et ses autres bavures ne peuvent pas l’empêcher de revenir au Rwanda. Même ceux qui ont fait pire que lui sont bien accueillis.                                                    

2. Personnage de Theobald Rutihunza et son passé?

             a. Le personnage

            Theobald Rutihunza est né à Matare, ex-Commune Nyakabuye, ex-Préfecture Cyangugu, actuellement District de Rusizi. Après quelques années au Petit Séminaire de Nyundo, il est entré à l’Ecole des Sous-Officiers (ESO), et puis il a exercé dans les ex-FAR. Après la carrière militaire, il a enseigné à l’Ecole primaire de la paroisse Mwezi. Après l’enseignement, il a suivi une formation en Développement rural à Lyon en France. A son retour au Rwanda, il a travaillé à la CIMERWA (Cimenterie du Rwanda) de Bugarama d’où il  a été nommé Préfet de Cyangugu après le génocide perpétré contre les Tutsi.

            Après avoir été démis du poste de Préfet, il a plusieurs fois tenté de sortir clandestinement du Rwanda ; il a souvent été intercepté à la frontière rwando-zairoise Goma-Gisenyi, et est revenu au Rwanda manu militari. Pourquoi voulait-il sortir du Rwanda clandestinement ? Il est maintenant basé à Lyon, après avoir été exfiltré par sa seconde patrie, la France. De là il diffuse encore l’idéologie négationniste sous la couverture de son association.                   

                b. Délits graves envers le Rwanda et la population de Cyangugu

                     Lors de la visite du Gouvernement à Cyangugu en 1996, Theobald Rutihunza a été accusé de tous les méfaits par ses proches collaborateurs et par les partenaires de la Préfecture. Ci-après nous allons  énumérer ces  méfaits.

                           b.1.Irresponsabilité et refus de collaboration

                     Rutihunza avait fait de la Préfecture de Cyangugu son champ privé. Il a  eu le malheur d’avoir comme Sous-Préfets trois Tutsi, situation qui n’avait jamais eu lieu au Rwanda. Ces derniers eux-memes ont eu le malheur de tomber sur un Préfet raciste. Il allait rarement au bureau et, en son absence, il enfermait tous les documents et les cachets. Aucun Sous-Préfet ne pouvait apposer une signature sur aucun document avec cachet à l’appui. Et j’en passe…..

                           b.2. Mauvaise volonté délibérée de coordination des aides et

                                incurie à l’endroit des rescapés du génocide

                   Ce n’est un secret pour personne : directement après le génocide, comme partout au Rwanda, à Cyangugu aussi grouillaient beaucoup d’ONG : HCR, CROIX ROUGE, SNV, SELF THE CHILDREN, CARITAS et autres, enregistrées ou non. Certains membres du personnel de ces ONG étaient partis du Rwanda au début du génocide, sans saluer personne ; et puis ils sont revenus la tête haute pour pratiquer la politique de l’aide liée.  En économie, on appelle aide liée ce système des pays riches qui envoient des aides accompagnées de leurs citoyens destinés à les gérer, et qui retournent dans leurs pays avec le même argent, alors que le pays aidé dispose de personnes qui ont les mêmes capacités que ces expatriés, si pas plus ! Et cela avec tous les abus possibles : abus sexuels, fraude et commerce de personnes et de drogue ! A Cyangugu on a eu de ces ONG et de ces gens-là. Au lieu de les gérer, Rutihunza s’est joint à eux pour le détournement. Il a été accusé  de ne pas coordonner les aides de ces ONG.

                   Il y a eu beaucoup de confusion dans la destination des aides aux rescapés du génocide. Plusieurs ONG se retrouvaient sur un même terrain, pour les mêmes destinataires, et sans aucun rendez-vous entre elles. Mêmes aides ou aides différentes pour les mêmes groupes au détriment d’autres. Je le dis en tant que directeur de la Caritas diocésaine à l’époque. Manque de coordination ! Pour le Préfet Rutihunza, cela importait peu. Au cours de la réunion dirigée par le Président Pasteur Bizimungu, en présence du Vice-Président Paul Kagame et d’autres autorités locales ou venues de Kigali, ni lui ni la Sous-préfet chargée des Affaires sociales, aucun ne savait même  combien de rescapés du génocide comptait la Préfecture. Deux ans après le génocide !

                 Le Président a intimé au Préfet Rutihunza  de constituer une Commission de coordination de ces aides. Ce fut sur proposition du signataire de cet article. Rutihunza l’a mise sur pied, mais il ne l’a ni présidée ni n’a été présent à aucune de ses séances qui n’ont abouti à rien. Pour lui, les rescapés du génocide ne comptaient pour rien.

                 Un exemple qui rentre dans le meme sens : à un certain moment, il fallait déplacer les orphelins du génocide de l’Ecole APEEDUC (Association des Parents pour l’Enseignement et l’Education de Cyangugu) au CENA (Centre d’Enfants non Accompagné) tenu par les Jésuites. Ce transfèrement s’imposait parce qu’au premier site ces orphelins n’avaient pas de sécurité. Certains avaient meme été  victimes de grenades…Il y avait meme des abus sexuels. Pour le transfert, Rutihunza a convoqué la réunion pour 9h, mais jusqu’à midi il n’était pas encore là. L’ex-Commandant de Groupement (Gendarmerie), Firmin Bayingana (actuellement Général de Brigade), a décidé d’aller le chercher à Bugarama où il rentrait chaque jour. Le Général Bayingana a du faire la ceinture Cyangugu-Bugarama-Ntendezi pour attraper Rutihunza à Ntendezi et nous l’amener au Noviciat des Jésuites vers 1h00’. Rutihunza était indifférent et sans vergogne ; il a fait feinte d’ouvrir la réunion, puis il nous a donné la parole ; il s’en est allé dans ses affaires, et nous avons transféré l’Orphelinat.

              b.3. Soif d’argent : détournement de fonds et de biens publics

                         b.3.1. Fausses factures

                  Pauvre Préfet ! Rutihunza végétait entre Cyangugu et Bugarama. Rarement au bureau! Il habitait à Bugarama et mettait les pieds à Cyangugu de temps en temps. Comme il avait travaillé à la Cimenterie de Bugarama avant d’etre nommé Préfet, il habitait dans les maisons du Staff de la Cimenterie.  Il faisait des apparitions à Cyangugu et il se faisait donner de fausses factures au Centre diocésain de Pastorale, comme quoi il y aurait séjourné. Pour une ou deux nuitées, il se faisait donner une facture de trois semaines ou un mois. Imaginez-vous cela dans un pays exsangue et qui sort du génocide ! Cela était au détriment de la Préfecture. Le diocèse n’a jamais été payé, car la mission de contrôle a conclu que les séjours déclarés par Rutihunza n’avaient jamais eu lieu.

 

                       b.3.2. Détournement des fonds d’un prétendu projet d’orphelinat

                   Directement après le génocide, les rescapés du génocide en général, les veuves et les orphelins en particulier, constituaient une source d’enrichissement illicite et un appât de gain pour les opportunistes, et pour certains rescapés, malheureusement irresponsables (Ba Mpemuke ndamuke : que je sois malhonnête, pourvu que cela me rapporte). Tous ceux-là trompaient les ONG et d’autres bienfaiteurs afin de profiter de leurs aides, au détriment des victimes du génocide. Rutihunza a été un de ces profiteurs malhonnetes.

                    Dans le cadre des détournements des fonds destinés aux orphelins du génocide, Rutihunza a trompé la vigilance du Bureau de Jumelage de la Rhénanie Pallatinat, en prétendant concevoir un projet d’orphelinat dans la Préfecture de Cyangugu, à Giheke, devant le bureau de l’ex-Commune Gisuma. Il est vrai que cette zone comptait beaucoup de Tutsi, et donc beaucoup d’orphelins du génocide. Rutihunza n’est pas un mauvais calculateur, mais opportuniste et maladroit. Le Projet d’orphelinat est tombé en faillite, puis il a été dévié pour devenir un Centre de métiers dont les constructions n’ont jamais été achevées. Rutihunza est responsable de cette faillite, car il a détourné l’argent destiné aux deux projets. Finalement le prétendu centre de métiers, faute d’équipement approprié, a été cédé à la Préfecture qui en a fait une école secondaire. Cela pouvait marcher, car l’école n’avait pas besoin d’équipement spécial ; Elle n’avait besoin que de locaux de classes. Le diocèse de Cyangugu a été associé aux pourparlers de l’installation de cette école.

                  Rudolf Fischer, l’Ex- Directeur du Bureau de Jumelage Rhénanie Pallatinat-Rwanda, est rentré chez lui en Allemagne, car fin mandat, mais tout en pleurant, car il avait serré la main du diable ; Il a pleuré devant moi en tant que chargé du jumelage dans le diocèse de Cyangugu. Des bruits auraient courru selon quoi il aurait été complice de Rutihunza dans le détournement de ces fonds. Mais tous ceux qui ont collaboré avec Fischer savent que cette complicité n’a pas eu lieu, et que ce n’est pas suite à ce détournement fait par Rutihunza que Mr Fischer a été rappelé. Tous jugent que, en tant que coordinateur du Jumelage, il a très bien fait son travail au Rwanda. Bref, le Préfet Rutihunza a détourné les fonds destinés aux orphelins du génocide en prétendant leur construire un orphelinat. 

                   b.3.3. Pillage de véhicules de la Cimenterie

                      A un certain moment, Rutihunza a été attrapé par la Gendarmerie de Cyangugu, avec un véhicule Marque Mitsubishi qu’il avait pillé à la Cimenterie de Bugarama. Le véhicule lui a été retiré, mais lui n’a pas été inquiété. Qui dit qu’il n’a pillé qu’un seul véhicule ?

 3. Les officiers et les hauts fonctionnaires originaires de Cyangugu vantés par Rutihunza

          Rutihunza ne pointe en rien le génocide perpétré contre les Tutsi de Cyangugu par la population hutu de Cyangugu. Il glisse sur les mots. Il s’incline à la mémoire des victimes, mais il ne dit rien des auteurs de ce génocide. Il semble reconnaitre le génocide, et puis il vante et exempte les organisateurs. Malhonneteté intellectuelle ! Ce sont des larmes de crocodile comme celles des Butros Butros Ghali, Bill Clinton, ou de Koffi Annan à Musha (District de Rwamagana), et de beaucoup d’autres. On est habitué à ce style diplomatique. Puisque Rutihunza loue ces officiers et hauts fonctionnaires originaires de Cyangugu, pourquoi ne nomme -t-il pas   et ne blâme pas ceux qui ont incité aux tueries cette population jadis prétendument unie ? 

            Il se contente d’absoudre les officiers et les fonctionnaires originaires de Cyangugu, et de vanter l’Opération Turquoise qui n’est venue qu’au secours de son gouvernement ami en débandade et de son armée vaincue. Comme si Cyangugu n’était peuplé que de cette petite dizaine de milliers de rescapés de Nyarushishi, ajoutée aux rescapés de Bisesero emmenés par les Français, après en avoir fait tuer d’autres.          

3.1. Les officiers supérieurs

-Le Genéral Gratien Kabiligi : il est originaire de l’ex-Commune Kamembe. Son rôle pendant la guerre et le génocide est connu. Il a quitté le Mutara, Kibungo et le Bugesera….et est arrivé à Kinshasa à pied, pourchassé par le FPR.  Sa défaite ne l’a pas empêché d’organiser des infiltrations au Rwanda à partir de Bukavu et faire tuer des rescapés dans sa propre région. Il n’est pas le seul génocidaire à avoir été acquitté par le TPIR.

-Le Lieutenant Colonel Claudien Singirankabo, surnommé Museveni, originaire de Mutimasi, ex-Commune Cyimbogo ; il était chargé de la défense civile dans la Préfecture, et donc aussi de la distribution des armes à la population hutu, pour tuer les Tutsi de Cyangugu !

-Le Lieutenant Colonel Innocent Bavugamenshi, originaire de Runyanzovu, ex-Commune Cyimbogo. Il est vrai qu’il n’était pas farouche. Il portait toujours son chapelet blanc au cou, mais cela ne l’innocente pas à 100 %. J’espère qu’il le récitait de temps en temps. Son intervention à la dernière minute en faveur des rescapés de Nyarushishi est vantée par certaines personnes.  On ne peut pas le comparer aux génocidaires, mais il pouvait faire plus à certains moments. Sans doute qu’il craignait pour sa vie !

-Le Colonel Augustin Cyiza, originaire de la paroisse Shangi, à Bushenge si je ne m’abuse. Personne ne sait où il était avant Nyarushishi. Il n’y est apparu que lors de la débandade de juin-juillet, lorsque l’armée défaite s’est repliée à Cyangugu en attendant l’intervention de la France. Pourquoi est-ce qu’il n’est pas venu pour la pacification dans sa région natale, et surtout pour contrecarrer les miliciens et le tueur à gages, le « Terminador » Yusufu Munyakazi, dans sa paroisse de Shangi?            

             3.2. Les Hauts Fonctionnaires

-Le Ministre André Ntagerura, originaire de Mpinga, ex-Commune Karengera,  paroisse de Mwezi. Pendant le génocide, il était basé à Rusizi I pour accueillir les armes et les munitions qui transitaient par Bukavu, disant que le FPR avait occupé le Nord. Il le déclarait à qui voulait l’entendre, y compris le signataire de cet article. Il envoyait ces armes et ces munitions aussi dans Cyangugu. Chargé des Transports publics et des communications, il n’avait besoin de demander à personne l’autorisation de mobiliser les autobus. Quel argument peut-on avancer pour l’innocenter ? S’il ne soutenait pas le génocide, il n’avait qu’à se dissocier du gouvernement génocidaire.

-Le Préfet Emmanuel Bagambiki, originaire de Bumazi, ex-Commune Gisuma, paroisse Shangi. Sa promotion de Sous-Préfet de Kigali Ngali au grade de Préfet de Cyangugu a été due à la « réussite » du génocide au Bugesera en 1992.

Bagambiki n’a d’égal que l’ex-président Théodore Sindikubwabo qui a embrasé Butare, sa Préfecture d’origine, le 18 avril.

Partout où arrivait Bagambiki, soi-disant  pour la pacification, les Tutsi y réfugiés étaient tués le meme jour. Citons seulements ces cas, en passant :

.à Nyamasheke les 13-14 avril, après la réunion à l’ex-Commune Kagano ;

.à Hanika, après une réunion à Bitaba, à 2 km de la paroisse. La population lui a dit : « Que devons-nous faire de ces gens qui agonisent et pourrissent dans l’église et  au presbytère » ? Il a répondu : « Pour quel motif les maintenez-vous encore là-bas (Muracyababitsemo iki) » ? Pour dire : « Eliminez ceux qui respirent encore, et puis nettoyez le presbytère ». Sitot dit, sitot fait.

.à Cyangugu le 19 mai à 15h30 ‘, lors de l’assassinat de Joseph Boneza, ex-curé de Mibirizi,  à Gihundwe :  le Préfet  Bagambiki a interdit à l’évêque d’aller prendre le corps de Joseph Boneza, en lui disant qu’il ne garantissait pas la sécurité face aux Interahamwe pour quiconque allait chercher le corps de Boneza. Avec le véhicule que conduisait l’abbé Boneza, l’assassin est tout de suite allé à la Préfecture pour donner le rapport à Bagambiki.

Monseigneut Ntihinyurwa avait déjà apprêté un matelas dans sa voiture pour aller prendre le corps de Boneza. Boneza a été tué par un militaire dépêché par Edouard Bandetse qui avait son quartier général à Mibirizi, sur ordre de Samuel Imanishimwe, lequel militaire a poursuivi Boneza en pickup jusqu’à Gihundwe. Le Préfet Bagambiki supervisait toute l’opération. A la nouvelle de l‘assassinat de Boneza, comme s’il avait affaire à des gens naïfs, Bagambiki a téléphoné à l’évêché pour demander où allait ce prêtre si on n’avait pas de réunion ! Et puis il s’oppose à son enterrement !! Joseph Boneza ne sera enterré dans la dignité qu’une année après son assassinat, grace à une vielle femme qui a montré la fosse où il avait été jeté.

.à Cyangugu le 30 mai à 20h00’, Bagambiki a supervisé l’assassinat de l’abbé Alphonse Mbuguje de Kabwayi ; ce pretre, de passage à Cyangugu, avait été conduit à la Brigade le 27 à midi. A la nouvelle de son assassinat, Monseigneur Ntihinyurwa téléphona  Bagambiki pour lui demander des explications, parce qu’on l’avait emmené soi-disant pour un interrogatoire auquel l’éveque avait d’ailleurs demandé d’etre associé. Bagambiki répondit que l’abbé Mbuguje avait été conduit à Gitarama pour etre interrogé là où il avait commis les délits dont on l’accusait.  Par les temps qui courraient ce n’était pas possible, parce que le FPR occupait Nyanza et tout le Mayaga. Il était impossible de se rendre à Gitarama. Je portais à manger à Mbuguje chaque soir. Un soir, un gentil gendarme qui était de garde m’a fait lire le registre sur le dossier de Mbuguje : « Pretre complice du FPR » ! Le soir suivant, le meme gendarme a téléphoné à l’éveché pour me dire que je ne devais plus porter à manger à l’abbé Mbuguje parce qu’il avait été porté hors de la Brigade. Le lendemain matin, le chauffeur de l’assistant médical Pie Nzeyimana qui était chargé de ramasser les cadavres, est passé à l’éveché et nous a raconté que le corps de Mbuguje gisait à Gatandara, à 1 km de l’éveché !

Quelqu’un a dit que si Bagambiki n’était pas peureux, il était méchant. Je lui ai répondu qu’Il était plutôt méchant et cynique. Il coordonnait les tueries avec le petit Lieutenant Samuel Imanishimwe qui a été sacrifié à l’autel d’Arusha à la place de son chef qui était tout dans la Préfecture : Président de la République, Ministre de l’Intérieur, Ministre de la Défense,…..Il a béni les expéditions de Yusufu Munyakazi partout : à la Cathédrale de Cyangugu le 11 avril à 11h ; ce 11 avril-là, les miliciens de Yusufu dispersèrent les réfugiés de la Cathédrale, dont 5 furent fusillés au camp militaire de Cyangugu. J’ai demandé l’audience au Lieutenant Imanishimwe pour la libération de ces personnes. Il m’a donné rendez-vous, mais les gardes de la barrière refusèrent de m’ouvrir. Heureusement pour moi. Après ce refus,  j’ai fait irruption dans la salle où se réunissait le Conseil de sécurité de la Préfecture, et j’ai expliqué au Conseil les dégats causés par les miliciens de Yusufu. La réunion a été interrompue. Avec l’abbé Modeste Kayibwami, nous avons réussi à racheter les gens qui étaient ligotés devant la salle où se tenait la réunion. Les fusils étaient braqués sur eux, ils étaient en attente d’etre fusillés. Bagambiki a approché timidement les militaires, et il les a suppliés de les libérer. Et puis, avec lui et l’éveque, nous sommes allés à la Cathédrale. Là, Bagambiki a demandé au petit nombre de réfugiés qui y étaient de ne plus bouger. Après sa visite sont arrivées deux autres expéditions qui ont été éloignées par les gendarmes qui ont tiré en l’air.

La 6 è des personnes ramassées par les militaires était le séminariste Egide Hakizimana  qui se sauva à la nage jusqu’au Centre Amani de Bukavu, en face, tenu par les Jésuites. Le Lieutenant Imanishimwe alla le réclamer en voiture, mais les Jésuites lui dirent qu’ils ignoraient la présence d’un certain Egide chez eux. Egide est maintenant directeur de prison à Nyagatare, après Huye, Kigali……. Figurons-nous quelle aurait été la honte d’ Imanishimwe s’il avait été emprisonné au Rwanda et non à Arusha et au Mali !) !

A Shangi, Bagambiki avait toutefois interdit de toucher à la Communauté des Sœurs de St François, parce que la Supérieure, la bonne sœur Madeleine Mukamuzima, avait étudié avec sa femme à Nyamasheke. Tuer d’une main et sauver de l’autre, on était habitué à cette tragédie pendant le génocide. Est-ce que cela vaudrait la chandelle à Bagambiki? A l’arrivée de Yusufu Munyakazi,  la sœur Madeleine, toujours souriante, a demandé à Yusufu Munyakazi : « Yusufu, est-ce vrai que tu viens nous tuer nous aussi (Yusufu, nibyo koko natwe uje kutwica) » ? L’autre répondit : « Je ne vous tuerai pas, sauf si vous cachez des hommes (Simbica keretse niba muhishe abagabo), c’est-à-dire des mâles adultes) ». La sœur lui rassura qu’il n’y avait pas de mâles  dans leur communauté. Mais il y en avait des dizaines ! Ainsi Yusufu lança l’assaut final sur les réfugiés du prebytère de Shangi, puis continua avec ses miliciens pour fêter à Bugarama. Félicien Baligira n’était-il pas à Shangi ?

.Le 15 avril Bagambiki fait sortir son gendre Georges Nkusi du presbytère de Cyangugu.  Parmi les personnes que Bagambiki a fait tuer, après les avoir fait sortir du presbytère de la Cathédrale figure Georges Nkusi, son gendre par affinité ; ce dernier avait épousé la nièce de Bagambiki. Les deux se sont « réfugiés » chez Bagambiki, mais ce dernier a accueilli seulement sa nièce et chassé son mari. C’est ainsi que Georges Nkusi, pourtant Hutu, mais recherché par Bagambiki, s’est réfugié à la Cathédrale. Je l’ai meme logé dans une des chambres des visiteurs car il se portait mal. C’est de là que l’a fait faire sortir Bagambiki par le bourreau Samuel Imanishimwe.

Bagambiki savait bien que Georges était caché au presbytère de Cyangugu, et je le lui passais souvent au téléphone. Il lui portait les comprimés contre la maladie communément appellée «  goute », car c’était sa femme qui les tenait. Et lorsque Bagambiki ne me trouvait pas, il jetait les comprimés aux sœurs en leur disant : « Monseigneur Ndorimana sait de quoi il s’agit ». Il les portait à l’éveché et non directement  au presbytère, pour ne pas voir Georges. Lorsque Bagambiki est venu prendre les personnes cachées dans le presbytère, je lui ai dit : « Tu fais sortir Georges aussi » ? Il m’a répondu : « Il n’est pas meilleur que les autres. Tous sont accusés d’etre complices du FPR et ils lui envoient des cotisations ». J’ai dénoncé ce dèlit au TPIR ainsi que tous les autres délits à  charge de Bagambiki, mais, en échange, le TPIR a acquitté Bagambiki.

Quelques jours avant son enlévement, Georges Nkusi était venu dans ma chambre pour m’expliquer le motif de la haine de Bagambiki à son encontre. Avant le génocide perpétré contre les Tutsi, Georges Nkusi, comme substitut du procureur à Cyangugu, avait fait mettre le fameux Yusufu Munyakazi en prison pour une journée, parce qu’il avait tué une personne à Bugarama. Georges, substitut, a pris cette mesure en attente de terminer l’enquete. Bagambiki a téléphoné Gerorges en lui intimant l’ordre de libérer Yusufu immédiatement. Georges lui a rétorqué que, en conscience, il ne pouvait pas outrepasser la déontologie lui prescrite par sa profession. Depuis lors Bagambiki a nourri à l’encontre de Georges une haine qui est allée jusqu’à le livrer aux miliciens du Stade Kamarampaka. Il se voit bien que, déjà avant le génocide,  Bagambiki collaborait avec Yusufu Munyakazi en matière de génocide en vue.

-Félicien Baligira, Député et Secrétaire du CND (Conseil National de Développement, nom du Parlement sous Habyarimana), originaire de Bushenge, paroisse Shangi. Il dirigeait la soi-disant commission de pacification à Shangi.  Le 27 avril, il a supervisé le bannissement des 42 Tutsi jugés indésirables par les agresseurs.  Baligira a escorté les 42 bannis jusqu’au Stade Kamarampaka, avec l’abbé Aimé Mategeko comme aumônier !  Ces bannis furent parmi les rares rescapés de Shangi.

Ironie de l’histoire : parmi ces bannis se trouvait Epimaque Kayitarama qui était bourgmestre assistant de Charles Karorero qu’il a remplacé comme bourgmestre à la tête de la Commune Gafunzo après le génocide, tandis que l’ex-bourgmeste a été condamné à perpétuité. Mategeko, originaire de Shangi, envoyé par le diocèse, soit- disant pour la pacification, croupit à Mpanga, tandis que Baligira passe ses beaux jours au pays de Mitterand !!

Qu’a fait le puissant Baligira pour contrecarrer les tueries de Shangi, exécutées par les miliciens, et surtout par l’expédition de Yusufu Munyakazi ? C’est tout simplement parce que ces autorités étaient de connivence avec Bagambiki. Personne ne devait contrecarrer ni les miliciens ni Yusufu Munyakazi.

– Théodore Munyangabe, originaire de Nyabitekeri, paroisse Shangi, Sous-Préfet chargé des Affaires économiques; toujours déployé par Bagambiki dans des missions d’élimination maligne des Tutsi ; il a été envoyé à Mibirizi le 18 avril par le Conseil de Sécurité de la Préfecture, sous escorte du policier de la douane Rusizi I, un certain Ngagi, tueur à gages, et  du tueur à gages attitré, Edouard Bandetse, originaire de Kigurwe, entre Muhanga et Runyanzovu, en face de la paroisse Mibirizi. Ce dernier avait installé son Etat-major à 1 km de la paroisse, au centre de négoce nommé ku Ngoro. Ces trois étaient déployés soi-disant pour sécuriser la situation des Tutsi réfugiés au presbytère de Mibirizi ! On envoie des tueurs pour la pacification !  Après l’élimination des Tutsi du presbytère de Mibirizi, Munyangabe est revenu à Cyangugu en déclarant : « Impuissant que je suis, j’ai été trahi par Bandetse … ». Un représentant du Préfet, sous escorte des militaires déployés par la Préfecture, qui se laisse contredire par le bandit Edouard Bandetse, ex-vendeur de cigarettes ! Que dit Rutihunza !

Puisque nous parlons de Bandetse, revenons à Bagambiki. Lors des réunions à Mibirizi où nous avons aussi visité les Tutsi étendus dans des salles de la paroisse suite aux obus de grenades,  ce Bandetse se vantait avec une joie morbide devant le Préfet, le Comandant de Place, le CICR et les autorités diocésaines, d’avoir supervisé la destruction de l’hôpital, pillé les médicaments et les véhicules, défoncé le coffre-fort et chassé les sœurs qui géraient cet hôpital du diocèse. Il s’excusait pour l’erreur d’avoir chassé la doctoresse Beata, hutu, et la sœur Donata, hutu du côté du père. Lors de cette réunion, Bagambiki s’exclamait au micro : « Bahutu, Bahutukazi, Batutsi, Batutsikazi, mufite ubwoba bw’Inyenzi-Nkotanyi : Hommes hutu et femmes hutu, hommes tutsi et femmes tutsi, avez-vous peur des Inyenzi-Nkotanyi,  c’est-à-dire du FPR » ? Tous répondaient d’une seule voix : NON. Comme Tutsi il n’y avait que moi. Ce n’était que moi qui ne répondais pas.  Je conduisais l’éveque, en tant que chargé des œuvres sociales du diocèse. Les autres Tutsi gisaient dans les salles de la paroisse, sous les coups des obus de grenades.

 Mais comme ces tueurs se sont rendus compte du fait qu’eux aussi pouvaient tomber malades, ils ont eu le culot de réclamer la réouverture de l’hôpital qu’ils avaient détruit. Avec quels moyens, leur demandait le diocèse ? Ils restaient bouche bée.  Et ces génocidaires se succédaient à l’éveché pour réclamer la réouverture de l’hopital. Je me rappelle la visite de l’agronome Ripa Bantari, président de la CDR dans la Préfecture, actuellement en Georgie en Amérique, et du commerçant Katamobwa de Bushenge. Ils réclamaient la réouverture de l’hopital au nom de la CDR. Monseigneur Thaddée Ntihinyurwa leur a demandé le rapport sur leur contribution en médicaments, salaires du personnel, et autres moyens logistiques. Ils n’avaient rien. Il les a reçus pendant deux minutes, et puis il les a expédiés en leur signifiant qu’ils lui faisaient perdre du temps.

Grace au diocèse de Reggio Calabria en Italie, jumelé au diocèse de Cyangugu, cet hôpital a été provisoirement réhabilité avec 75.000.000 Frw en 1995. C’est tellement humiliant de dire aux amis : « Aidez-nous à réhabiliter telle structure détruite par ceux qu’elle servait » ! T’en rends-tu compte, cher Rutihunza ?

–  Pour compléter la liste des fonctionnaires originaires de Cyangugu, parlons encore de Théobald Rutihunza. A tout Seigneur, tout honneur. Si honneur il y a !

Cher Rutihunza, as-tu suivi le parcours des ressortissants de ta chère Préfecture ? Où étais-tu toi en ce moment-là ? Où étais-tu pendant et directement après le génocide ? Qu’as-tu fait en faveur de ta chère Préfecture ? Tu loues  les autres et tu ne dis rien de toi-même ! Que faisais-tu ? Qu’as-tu fait pour limiter les dégâts du génocide et de ses conséquences dans ta zone ? Tu prétendras sans doute que tu étais recherché et te cachais quelque part. Caché parce que sympathisant du FPR, et que ce fut pour cela que tu fus identifié pour être nommé Préfet ! Un sympathisant du FPR qui pille, vole et détourne les fonds qu’il doit utiliser pour la population à sa charge ! D’où t’a repêché le FPR ? As-tu au moins quelque sentiment de reconnaissance envers le FPR ? Tu n’es ni le premier ni le dernier ingrat. Le FPR en a connu de toutes les couleurs, et il en connaitra certainement.                 

           A part le régionalisme dont se targue Rutihunza, qu’ont fait ces officiers et ces fonctionnaires originaires de Cyangugu pour sauver leur Préfecture de la catastrophe qui s’est abattue sur elle et dans laquelle chacun d’eux a eu un rôle déterminant ? Aucun d’eux ne sait comment ces Tutsi sont arrivés à Nyarushishi. Ces personnalités vantées par Rutihunza sont comme cet oiseau qui couve les œufs pondus par d’autres oiseaux et puis s’attribue les poussins.

 

 

 

4. Nyarushishi : A qui et à quoi ces rescapés doivent-ils leur salut ?

 

Aux Colonels Bavugamenshi, Cyiza, et aux Français ? NON. Simplement

à la bête et méchante complicité des Français avec les autorités rwandaises de ce temps-là. Où étaient ces sauveurs entre le 8 avril et le 11 juin, date à laquelle les derniers rescapés ont été évacués du Stade Kamarampaka pour Nyarushishi?

           Combien de Tutsi comptait la Préfecture de Cyangugu avant le génocide ? Il n’y a qu’à compter les dizaines de milliers de Tutsi  enterrés à Nyamasheke, Shangi, Hanika, Gashirabwoba, Karangiro, Nkanka, Mibirizi, Mashyuza, Nyarushishi, Muyange, Stade Kamarampaka, et j’en passe …Combien de rescapés comptait le camp de Nyarushishi ? Faisons la comparaison. Et puis ces Colonels et leurs patrons de l’Opération Turquoise se rabattent sur les 8.000 rescapés de Nyarushishi pour se déclarer sauveurs ! Pourquoi ces Tutsi n’ont-ils pas été éliminés à la Cathédrale de Cyangugu alors que  dans d’autres paroisses ils avaient été éliminés? Pourquoi pas au Stade Kamarampaka et à Nyarushishi avant l’arrivée  de ces prétendus sauveurs ? Qui doute de ce prétexte et de cette complicité peut y réfléchir .

             4.1. Comment s’est formé le camp de Nyarushishi ?

                      Préambule

                  Au départ, le Stade Kamarampaka comptait 5.000 Tutsi déplacés de la Cathédrale de Cyangugu, sur demande de l’éveque, Monseigneur Thaddée Ntihinyurwa qui implorait la protection de ces rescapés  auprès des autorités civiles et militaires. La réunion a eu lieu au sein de l’éveché de Cyangugu jeudi 14 avril à 11h; on était à 5 : l’éveque, le vicaire général, le Préfet, le Commandant de Place et le Commandant de Groupement. Ce sont ces autorités civiles et militaires qui, le lendemain, ont identifié le Stade Kamarampaka comme lieu de protection de ces rescapés. A ceux-là se sont ajoutées  queques centaines venues de Munyove par Nyarushishi, avec leurs vaches sans pâturage, et parvenues à l’Ecole Primaire de Cyangugu à côté de la Cathédrale. Par après, sont arrivés 400 Tutsi venus de nuit de la paroisse Nkanka à pied, et 600 venus de Gihundwe ADEPR par Daihatsu, en 4 ou 5 tours.

                  Le Stade Kamarampaka a commencé à être peuplé le vendredi 15 avril 1994 vers 17h30’. Les Tutsi réfugiés à la Cathédrale de Cyangugu, rejoints au Stade par ces autres venus des paroisses catholiques et protestantes des environs, seront les premiers occupants du camp de Nyarushishi.

                    le 16 avril vers 16h30’, ce sont ces memes autorités qui sont venues prendre à la Cathédrale et au Centre diocésain de pastorale 4 personnes qui avaient eu peur d’aller au Stade. Imanishimwe a défoncé les portes du presbytère pour sortir le commerçant Jean Marie Vianney Habimana, surnommé Gapfumu. Bagambiki est allé lui-meme sortir du Centre de pastorale 3 hommes d’affaires dont Ananie Gatake, surnommé Problème. Ils ont tous été conduits au Stade. Je les ai suivis parce que j’allais chercher une dame qui devait garder l’abbé Innocent Gashugi, ex-curé de Shangi, malade, qui allait etre transféré de la Cathedrale au Centre de Santé de Rusizi. Le brave grand curé Innocent Gashugi a été le premier occupant du cimetière de la Cathédrale dont le site a été identifié à sa mort. Le cynique Bagambiki était à l’enterrement. Son garde de corps nous a aidés à creuser le tombeau et à le combler.

                 Ces 4 personnes ont rejoint 13 autres, et puis le Commandant de Groupement, le Lieutenant Colonel Ladislas Munyarugerero a procédé à l’appel qui a été fait en ma présence. Il tenait la liste dans son Agenda noir. Les 16 victimes comprenaient des commerçants, des fonctionnaires, des enseignants et des hommes d’affaires. La liste est dans mon livre cité ci-dessus aux  pages 57-58.     

                  Les 16 premières victimes sont sorties du Stade, sous la supervision du Préfet Bagambiki,  du petit Lieutenant Samuel Imanishimwe et du procureur Ndorimana. La 17 è personne, qui est descendue de la camionnette, fut Madame Marianne Banguwiha du PSD (Parti Social Démocrate), qui, devant le Lieutenant Colonel Munyarugerero, a clamé son innocence, car Hutu. Elle a été logée chez ce dernier, pour être évacuée au Congo la nuit, tandis que les pauvres 16 Tutsi ont été fusillés 20 minutes après, à Gatandara, entre le Stade et la Brigade judiciaire.                   

                   Interrogé sur téléphone par l’évêque sur la mort de ces personnes dont les autorités avaient promis d’assurer la sécurité, Bagambiki a répondu que ces personnes ont été conduites à la Brigade pour interrogatoire,- car accusées d’être d’intelligence avec le FPR-, mais que les Interahamwe les leur ont arrachées, et que probablement ils les ont tuées. Le Préfet, escorté par les Commandants de Place et de Groupement, avec deux camionnettes pleines de gendarmes et de militaires, ose tenir un langage pareil !

                Cher Rutihunza, qui es entrain de tromper les Français et le Monde, ignores-tu cet événement ? Et ce n’est qu’un coup d’envoi donné par les autorités ! Coup d’envoi pour un match à sens unique qui durera jusqu’à l’arrivée de vos amis les Français ! Ton RIPRODHOR promeut-il  et défend-il les droits de l’Homme rwandais en général ou seulement les droits de l’homme hutu ? Les Tutsi ne sont-ils pas des Rwandais ? Sache, si tu ne le sais pas, que le premier droit de tout homme est le droit à la vie. Et sache que la vie du Hutu ne vaut pas mieux que celle du Tutsi.

            Ce sont ces rescapés de la Cathédrale de Cyangugu et du Stade Kamarampaka qui sont les fondateurs du camp de Nyarushishi, grâce au CICR, et non grâce aux autorités préfectorales, toujours sur demande du diocèse qui les avait accueillis et entretenus jusque là.

4.2. Chapeau au CICR de GENEVE

                  Les Tutsi du Stade  Kamarampaka et de Nyarushishi doivent leur vie à la Providence et au CICR. Ce n’est pas concevable que du 15 avril au 11 juin 1994, la grande partie des déplacés de la Cathédrale de Cyangugu et d’autres qui les ont rejoints au Stade Kamarampaka soient restés en vie.

Ne passons pas de vue que les militaires de Samuel Imanishimwe retiraient certains du Stade, sur base de listes préétablies. Les gendarmes préposés à leur sécurité n’étaient que d’apparat. Ils y avaient installé un centre de commerce, et leurs clients étaient les mêmes réfugiés.  Imanishimwe y envoyait des militaires plus gradés que les gendarmes, pour y retirer ceux qu’ils livraient aux miliciens. Parmi les militaires du Commandant Imanishimwe, il y avait un certain Sous-Lieutenant, Iradukunda, surnommé Kajisho parce que borgne, et qui, effectivement, avait perdu un œil on ne sait où. Il était très virulent. Il disait qu’il devait tuer les Tutsi parce qu’il avait perdu son œil au front contre le FPR. Mais lequel des Tutsi de Cyangugu du Stade Kamarampaka lui avait enlevé son œil ?

                  Toutes les communications du Stade arrivaient à la Cathédrale et à l’évêché par le téléphone qui était dans les locaux du Stade. Le nom de Kajisho revenait à chaque coup de fil. Le téléphone été coupé depuis l’assassinat du veilleur, lorsque les miliciens ont découvert ces communications ; car, dès que les réfugiés alertaient, Monseigneur Ntihinyurwa s’y rendait pour interrompre la sale besogne de ces miliciens. Et ils lui répondaient : « Bon, tu nous empêches de faire notre travail » ? Et il leur répondait : « Nous avons mis ces personnes entre les mains des autorités. Quelle autorité vous envoie prendre ces gens » ? Ils s’en allaient ; mais ils profitaient de son absence de Cyangugu pour en retirer quelques uns.

                      Arrivée du CICR au Stade Kamarampaka 

                 Un beau jour du 22 avril vers midi, le Vicaire général du diocèse, Jean Ndorimana, qui était aussi curé de la Cathédrale, fait un saut à la Préfecture et voit des agents du CICR (Comité International de la Croix Rouge) de Genève sur la file. Ils opéraient à partir de Bukavu. Ils veulent entrer  chez le Préfet Bagambiki pour lui demander de voir les Tutsi rassemblés au Stade Kamarampaka. Sans attendre l’audience, le vicaire général conduit rapidement le CICR à l’évêché, le met en contact avec l’éveque, et après une petite réunion au cours de laquelle il leur livre le nombre approximatif des Tutsi rassemblés au Stade et leurs conditions, tous se rendent au Stade avec l’éveque. Le CICR  commence à s’occuper des blessés et des malades. Il conduit certains au Centre de Santé de Rusizi.

                      Une petite parenthèse : au Stade régional de l’Equipe ESPOIR, il n’y avait qu’un seul robinet qui fonctionnait, et toutes les toilettes étaient bouchées. Nous avions stimulé les réfugiés à creuser eux-mêmes des toilettes de fortune dans le Stade. Mais avec quelles forces ?  Jusques là, ils vivaient de riz et de haricots achetés à crédit par le diocèse à un certain Manassé originaire des environs de Nyamasheke, à Bitare. Ce n’étaient que deux camions remorques ! La cuisine se faisait au Centre diocésain de pastorale, et la nourriture était portée au Stade dans des sacs d’étoffe. Ce Manassé avait autour de son magasin à Kamembe une garde de quarante gendarmes en civil.  Lorsqu’il m’a amené chez lui pour lui signer le chèque sans provision, il m’a annoncé la mort du Colonel Alexis Kanyarengwe,  communiquée par la RTLM (Radio Télévision Libre des Mille Collines). Afin de sortir de chez lui sain et sauf, je lui ai demandé de diffuser partout la mort de cet « ennemi » de la Nation. Ce fut la première fois que je vis une grenade, me montrée par le soldat qui était censé m’escorter.

                   Un Major congolais (Congo Brazzaville) ne voulaisait  pas que je sois escorté par un de ses militaires. Il lui disait lachement : « Crois-tu que ce beret bleu te protégera plus que ceux des gardes d’Agathe Uwilingiyimana (ex-Premier Ministre) » ?

                         Au Stade, nous avons tout montré au CICR. Depuis lors, la Communauté internationale a su qu’au Stade Kamarampaka de Cyangugu il y avait environ 8.000 Tutsi menacés de mort et de faim. Grace au CICR ! Les vivres achetés à crédit par le diocèse étaient entrain de s’épuiser. Nous en envoyions un peu aux autres paroisses.

                          Il se faisait qu’au Lac Kivu il y avait une réserve énorme de vivres destinés aux réfugiés burundais jadis basés à Nyarushishi et à Bugarama, mais qui, depuis le déclenchement du génocide, s’étaient volatilisés dans la nature, qui au Burundi, qui au Congo, qui mêlé aux Interahamwe…Ce sont ces vivres que la Croix Rouge a destinés aux réfugiés du Stade, et de Nyarushishi plus tard. Nyarushishi avait tout comme logistique : eau, toilettes, tentes, cuisine….

Qu’ont donné aux Tutsi du Stade Kamarampaka et de Nyarushishi les autorités préfectorales, les Colonels Bavugamenshi et Cyiza, et les Français ? Tous  ont profité et abusé de la présence de ces réfugiés en prétendant redorer leur blason qui ne sera jamais rallumé.

        4.3.  La politique de la France à l’ONU sous le prétexte de Nyarushishi

                      L’amende honorable de la France,-si honneur il y a-,  au nom de la Résolution 929 du 22 juin 1994  n’est qu’un trompe-enfant. L’ONU vote le 22 juin, et puis les forces françaises sont à Goma le 23, et  à Cyangugu le même jour ! Combien de temps faut-il pour décoller de la Centrafrique (il s’agit de la Légion étrangère basée en Centrafrique) et atterrir à Goma et à Bukavu-Kavumu, et arriver à Cyangugu en blindés ? Tout avait été préparé avant !

                     Reconnaissons qu’il y avait des Tutsi à Nyarushishi. Est-ce la première fois que la France reconnaissait que les Tutsi au Rwanda étaient menacés ? Les soldats français eux-memes  ont controlé les cartes d’identité sur les barrières, ils ont livré des Tutsi aux miliciens, et puis la France prétend  venir au secours des survivants !!! Le jour viendra où le Tiers Monde se libérera du néocolonialisme. Ce jour pointe déjà à l’horizon partout en Afrique. Et le Rwanda est à l’avant-garde !

                 4.4.Une analyse pas si bête

                  La France intervenue militairement au Rwanda dans la Guerre contre le FPR en 1990 est retournée officiellement et honteusement chez elle, mais avec l’objectif de revenir au Rwanda, sous n’importe quel prétexte. Mais elle n’est pas réellement partie du Rwanda ; elle était toujours déterminée à aider ses anciens alliés. La France officielle n’a pas quitté le Rwanda.

                Vers la fin du génocide, La France  fait voter à l’ONU la Résolution 929 pour revenir au Rwanda sous le nom de l’OPERATION TURQUOISE, en instaurant la soi-disant Zone Humanitaire de Sécurité Sure. Elle l’a fait au nom de la Coopération militaire de 1975 sous Juvénal Habyarimana, parce qu’elle ne reconnaissait pas encore le génocide. Mais elle voulait simplement couvrir le Gouvernement génocidaire et l’aider à rejoindre le Congo avec son armée, en leur faisant croire à un repli tactique. On est habitué à ces appellations de l’Hexagone en Afrique et ailleurs : Turquoise au Rwanda, Barkanes au Mali, et d’autres noms en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Tchad, au Niger et  en  Asie …… La France s’est constituée Gendarme du Tiers Monde, surtout africain.  Et puis elle intervient au moment où elle n’a plus rien à sauver. A quel titre l’ONU lui concède-t-elle ces faveurs ?

                   Comment la France qui a été aux cotés des FAR depuis la coopération militaire de 1975, la France qui a combattu à leur côté depuis 1990 et a été vaincue avec elles ;  comment cette France a-t-elle eu pitié des Tutsi en juin 1994 ? Pourquoi a-t-elle débarqué de Bukavu directement sur Nyarushishi ? Pour démontrer qu’elle aime les Tutsi ? Ignorait-elle, depuis avril et même bien avant, que les Tutsi étaient menacés, sans attendre Nyarushishi ou Bisesero ? La France nous croit-elle tellement bêtes que nous ne puissions pas faire cette analyse ? Il faut plaindre l’ONU qui croit si facilement aux manœuvres de la France.

 

                   Notre analyse est que la France a dicté aux autorittés génocidaires de ne pas tuer les rescapés du Stade Kamarampaka et de Nyarushishi parce qu’ils allaient servir de prétexte pour son retour au Rwanda. Ainsi elle allait exfiltrer au Congo le Gouvernement et ses militaires défaits. Si non, d’où serait venu ce revirement de la France à l’égard des pauvres Tutsi ?

                     Pourquoi est-ce que la France a étendu la soi-disant Zone humanitaire de Sécurité Sure sur Cyangugu, Gikongoro et Kibuye, et tout de suite le 23 juin ? La fameuse Légion étrangère n’est venue que de la République Centrafricaine. La France pressentait la forte pression du FPR sur ces zones, pression qui aurait permis de prendre d’assaut les fuyards génocidaires. Ce n’est pas pour rien qu’il y a eu des accrochages entre les Français et le FPR à Kibuye, et à Sovu entre Butare et Gikongoro. L’objectif de prendre Butare et Kigali n’a pas réussi à la France. Le FPR était déjà là et il les attendait n’importe où et à n’importe quel moment ! Le Président Kagame a répondu à la personne qui lui demandait d’empecher à ses soldats de progresser parce qu’il y avait une armée très forte qui allait intervenir : « Mes soldats sont tellement avancés que je ne peux pas les arreter. Mais, ces gens n’ont-ils pas un corps aussi vulnérable que le notre (Abasirikare banjye bageze kure k’uburyo ntabahagarika. Ariko se abo bantu ntibava amaraso nkatwe)» ?

                   Il semblerait que le jour de l’arrivée des Français à la frontière rwando-zairoise de Rusizi I, le 23 juin, les miliciens avaient encerclé le camp de Nyarushishi pour l’exterminer, et que le Colonel Bavugamenshi les ait dispersés en les invitant d’aller accueillir leurs amis les Français à la frontière. Ce serait tout en son honneur, tout comme il aurait tenté de dialoguer avec Edouard Bandetse, mais en vain. Les miliciens seraient alors descendus à toute vitesse à la frontière ; et ils se voyaient à la TV avec des banderoles « VIVENT NOS AMIS LES FRANÇAIS » !

          4.5. Après Nyarushishi : le réarmement par la France et les infiltrations

                 Dieu sait combien d’infiltrations ont eu lieu au Rwanda à partir du Congo, après le rassemblement des génocidaires dans les camps du Congo. Au mépris de toutes les lois internationales, les réfugiés melés aux génocidaires  étaient installés en face du Rwanda, aussi bien du coté  de Goma que de Bukavu.  Toutes ces infiltrations visaient les rescapés du génocide et les infrastructures. Pourquoi n’y en a-t-il pas eu à partir du Burundi, de la Tanzanie et de l’Uganda, alors que les Hutu, génocidaires ou pas, s’étaient réfugiés dans tous les pays limitrophes ? Comment a fini Mobutu qui collaborait avec la France pour la reprise du pouvoir au Rwanda par les génocidaires ?

                     Quel est le bilan de la France après Nyarushishi ? Sur la présence de l’Opération Turquoise au Rwanda et de ses motivations, il n’y a qu’à lire le livre du Lieutenant Colonel Guillaume Ancel :  Rwanda, la Fin du Silence : témoignage dun officier français. Les Belles Lettres, Collection « Mémoires de Guerre », 2018, 224 pages ( ISBN978-2-251-44804-6)  Cet officier faisait partie de l’Opérations Turquoise. Il dévoile tous les secrets cachés derrière l’intervention de la France au Rwanda fin juin 1994.                               

5. Tentative de fuite et exfiltration de Rutihunza en France

               Après plusieurs tentatives de soritr du Rwanda clandestinement, Rutihunza a été exfiltré en France, à Lyon, où il a rejoint sa belle-famille ou bien  où il l’a  rejointe. Nous avons plus haut expliqué ses relations avec Lyon. De là il veut promouvoir et défendre les droits de l’Homme au Rwanda alors qu’il les a bafoués à pas mal d’égards lorsqu’il était au Rwanda. Je suis sûr que si Rutihunza comparaissait devant n’importe quelle juridiction, il plaiderait non coupable, comme font tous les génocidaires et tous les voleurs. Il ne manquerait pas en France ou au Rwanda des avocats du diable pour le disculper ! Tout comme à Arusha il y’ en a eu. Comment voulez-vous qu’un avocat belge, camerounais ou un congolais vivant en France plaide non coupable pour un criminel qui a commis des crimes à Cyangugu, face à des témoins oculaires du génocide ? Moi je les ai qualifiés d’avocats des diables.

6. Acquittements des Organisateurs du Génocide perpétré contre les Tutsi à     

     Cyangugu par le TPIR et condamnations par les Tribunaux rwandais

                 Rutihunza canonise le TPIR et les génocidaires acquittés par lui. Il condamne les juridictions gacaca et acquitte les génocidaires jugés par elles. Du coté du TPIR, il vante la libération du Général Gratien Kabiligi qui dirigeait les opérations militaires et organisait les incursions dans Cyangugu à partir de Bukavu. Ces incursions ont fait beaucoup de dégats matériels et humains, surtout parmi les victimes du génocide. Il vante  aussi la libération du Préfet Bagambiki et du  Ministre Ntagerura dont nous avons assez parlé plus haut. Du coté des jugements faits par les juridictions gacaca, il ne parle que de la condamnation du Sous-Préfet Théodore Munyangabe, alors qu’il y en a beaucoup d’autres. Pour ces acquittés ou ce condamné, il ne montre aucune circonstance au cours de laquelle ils auraient fait quelque chose en faveur des Tutsi de Cyangugu.

                 Cela m’étonnerait que Rutihunza  ne soit pas allé à  Arusha pour plaider à décharge de l’un ou l’autre. Il y sera allé peut-etre pour témoigner en vain à décharge de Yusufu Munyakazi, le boucher de Cyangugu et Kibuye ; comme l’ont fait certains, comme Thomas Nahimana et d’autres. Il ne cite pas Yusufu Munyakazi parce que lui a été condamné par le TPIR. Et Yusufu n’est pas le seul génocidaire de Cyangugu à avoir été condamné par le TPIR. Malhonneteté intellectuelle de la part de Rutihunza : Il ne cite que les  innocentés et ne parle jamais des condamnés, pourtant de Cyangugu aussi.

                  De tous ceux-là dont il vante la libération ou déplore la condamnation, il ne cite pas un seul geste  qu’ils auraient posé pour éviter l’élimination des Tutsi dans leur chère Préfecture. Il s’est contenté de vanter ceux qui auraient aidé les Tutsi de Nyarushishi, comme si Cyangugu n’était habité que par 8.000 Tutsi.

                Cher Rutihunza, les plus de 50 témoins venus de Cyangugu pour Arusha à charge de ceux que tu décharges ont été déçus par le blanchissement de Bagambiki et Ntagerura, ainsi que de Gratien Kabiligi. Le petit Lieutenant Manishimwe a été leur bouc émissaire.

                 Cher Rutihunza, connais-tu les juges et les avocats de la séance du jugement de ces organisateurs du génocide dans Cyangugu ? Sais-tu comment ces organisateurs ont été acquittés ? Je m’en vais te l’expliquer.

                  Si tu ne le sais pas, à part quelques exceptions,-et celles du Rwanda en font nombre à pas mal d’égards, mais celles d’Arusha, non : dans ce monde, il n’existe pas de juridiction sans corruption. Dans la corruption au TPIR, pour les organisateurs du génocide à Cyangugu, il y a eu la main d’une Puissance que l’on peut imaginer. Et si je citais la France, je ne serais pas dans l’erreur. Je t’ai prouvé que la France est revenue au Rwanda en passant par Cyangugu parce qu’elle avait fait un compromis avec les autorités pour qu’elles ne tuent pas les rescapés du Stade Kamarampaka et de Nyarushishi. Elle voulait revenir sous prétexte de les protéger ; mais dans le but d’exfiltrer le Gouvernement défait et son armée. Comment ne pouvait-elle pas tout faire au TPIR  pour couvrir ses complices locaux ?

                 Voici comment le tout s’est déroulé à Arusha. Dans le procès il y avait trois juges : le Jamaicain Lloyd Georges Williams, président ; le Russe Yakov Ostrovsky, juge ; et le Slovène Pavel DolencIls, juge.

Après le défilé de plus de 50 témoins, tous à charge des 3 organisateurs du génocide dans Cyangugu, et certainement d’autres témoins à décharge, les juges ont voté, le président pour la condamnation de tous les trois ;  et les deux autres pour la libération de Bagambiki et Ntagerura, et la seule condamnation pour le pauvre Lieutenant Imanishimwe.

             Ils ont voté, et les deux juges, certainement vendus, ont été contre le président. Après cette déception, Le président, seul noir dans l’équipe, de par ailleurs très apprécié pour la conduite du procès, a démissioné de cette séance et du TPIR.

             Cher Rutihunza, après tout ce que tu viens de lire, peux-tu innocenter Emmanuel Bagambiki qui était président de tout dans la Préfecture? Peux-tu innocenter André Ntagerura qui était très écouté dans le gouvernement ? Ses autobus transportaient les armes et les munitions ainsi que les tueurs. Qui coordonnait ce transport sans ordre du Ministre ? Originaire de Cyangugu, par autobus  il a distribué ces armes dans Cyangugu et ailleurs dans le pays ; il a envoyé les autobus de l’Etat partout pour tuer, détruire et piller. Qu’a-t-il fait pour se dissocier du Gouvernement génocidaire ?

             Je me passe de ces  avocats qui posent des questons betes qui leur font croire qu’ils vont vous faire perdre la tete. Meme des questions de grammaire française ! Moi je leur ai dit que je ne suis allé à Arusha ni pour apprendre ni pour enseigner le français.

          Vu  que les génocidaires (appelés prévenus par euphémisme), n’avaient pas droit à la parole, ils ne faisaient que grincer les dents. Surtout le petit Lieutenant qui, certainement, regrettait d’avoir devant lui une personne qu’elle n’a pas tuée alors qu’il avait tout le pouvoir.

 

CONCLUSION

                     Comme il a été dit plus haut, Rutihunza s’est réfugié en France après avoir manqué à ses devoirs lui confiés par le Gouvernement. Il était négationniste, et il l’est encore.

                   Avant de lancer ses invectives, Rutihunza  s’incline devant les victimes du génocide. Larmes de crocodile à  l’image de ceux qui n’ont rien fait lorsqu’ils pouvaient arreter le génocide! Il ne fustige pas les instigateurs du génocide et la presque totalité de la population hutu de sa Préfecture qui a obéi aveuglément.

                  Rutihunza s’attaque au FPR  qui a arreté le génocide ainsi qu’à tous ceux qui luttent contre ce dernier, qui oeuvrent pour la reconstruction du Rwanda et la réconciliation des Rwandais. Dans ce communiqué et dans beaucoup d’autres, il s’attaque à tort et à travers à l’abbé Ubald Rugirangoga de la meme région que lui, qui a pourtant dépassé les sentiments de vengeance et de rancune. Il aide ceux qui ont éliminé les membres de sa famille ; Il a le mérite d’avoir aidé les génocidaires et les victimes du génocide à se rencontrer et à se réconcilier. A partir de la paroisse de Mushaka, son apostolat a rayonné dans beaucoup de paroisses, meme au de-là du diocèse de Cyangugu. Cet apostolat lui a valu la médaille de mérite de la part des autorités supremes du Rwanda.

                     Rutihunza et son RIPRODHOR peuvent-ils dire ce qu’ils font pour leur Préfecture en faveur des victimes du génocide devant lesquelles  il  s’incline, et pour la population de Cyangugu en général ? Peuvent-ils dire ce qu’ils font pour leur Région, et pour le Rwanda  en général ? Ne perdons pas d’espoir. Mais si notre cher Rutihunza tient à gagner son pain en France, qu’il le gagne honnetement, objectivement et humblement, mais  sans salir les gens, et qu’il se comporte comme d’autres honnetes réfugiés qui se contentent de leur situation. Qu’il sache également que parmi ceux qui lisent ses écrits, il y en a beaucoup qui sont plus intelligents et plus objectifs que lui, et qui connaissent bien la vraie situation du Rwanda. Qu’il cesse de désinformer l’opinion internationale. Bienvenue au Rwanda !

 

KIGALI, AOUT 2020.

JEAN NDORIMANA

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